La dépendance affective dans le couple : mécanismes psychologiques et implications

31 Mar 2016 | A la Une, Thérapie de couple, Thérapie familiales | 19 commentaires

L’être humain est un être social qui a besoin du contact avec les autres mais également de se sentir aimer : ce qui signifie que chacun est quelque part un peu dépendant affectivement. Pourtant cet état peut devenir chez certains pathologiques et être à l’origine de souffrances et de difficultés profondes dans la construction et l’harmonie du couple. Cet article explore les mécanismes à l’oeuvre, les causes et les conséquences sur soi et sur le couple et propose des voies de réflexions pour sortir de la dépendance affective.

Quand la dépendance affective devient aliénante

Est-ce quand les couples viennent consulter car ils ne supportent plus la jalousie du conjoint ou encore le chantage affectif de celui-ci ?

Vous avez peut être connu les premières sensations d’une relation naissante : le besoin impérieux d’être avec l’autre et la sensation de manque quand on s’éloigne. Mais par la suite, au cours de la plupart des relations cette sensation s’amoindri et un équilibre s’installe où chacun retrouve une partie de son émancipation.

Mais il arrive que la relation de couple n’évolue pas dans ce sens et que le besoin de l’autre persiste voir même parfois se renforce avec le temps, pour l’un des partenaires ou bien les deux. C’est ce que nous pourrons nommer la pathologie du lien ou encore la dépendance affective.

En quoi la dépendance affective est-elle pathologique ?

La dépendance affective devient pathologique à partir du moment où elle génère de la souffrance et que cela entrave le bien être individuel ou du couple.

Le dépendant affectif est dans l’idéalisation du partenaire et dans l’angoisse permanente d’être abandonné par l’objet d’amour, ce qui le conduit à être dans la négation de lui même, en devenant sourd à ses propres désirs. On peut observer chez lui une attitude sacrificielle comme l’abandon d’un emploi, de sa famille, de ses amis et de ses activités?

Du fait d’une très faible estime de soi, il n’arrive à s’estimer qu’au travers du regard du partenaire. Le conjoint devient le centre du monde et tout est focalisé autour de lui. Cela renvoie à la relation initiale où le nourrisson ne voit qu’au travers de la mère. Il s’agit le plus souvent de personnes immatures ou vulnérables. Cette fragilité narcissique trouverait ses origines dans la petite enfance notamment dans les expériences objectales. Cependant il arrive que cela soit plutôt du à une expérience que l’individu aurait vécue dans une relation passée.

Le dépendant affectif a un besoin permanent d’étayage et il est dans la recherche constante de preuves d’amour pour rassurer son angoisse d’abandon. Tout cela va mobiliser beaucoup d’énergie ce qui avec le temps peut épuiser les ressources psychiques de l’individu.

Ici ce n’est pas le désir qui prime mais bien le besoin de l’autre pour remplir un vide intérieur et combler une insécurité interne. Or on ne peut satisfaire ce type de besoin intimement personnel à travers l’attente de reconnaissance de l’autre.

Vous vous reconnaissez dans cette situation de dépendance affective et souhaitez entamer un travail pour sortir de ce cycle? Vous avez besoin d’un psychologue pour vous aider sur ce chemin? Le cabinet propose la possibilité, pour les personnes ne pouvant se déplacer sur place, des séances en téléconsultation (téléphone ou visio). Tous les détails sont sur la page ci-dessous.

Les conséquences pour le quotidien du couple

Chaque couple réagit différemment aux situations de dépendance affective. Toutefois on note dans la plupart des cas de thérapies de couples mettant en scène un cas de dépendance affective une problématique récurrente : au fur et à mesure, le dépendant affectif s’enferme dans une insatisfaction permanente des  preuves d’amour du compagnon.

En véritable ‘ boulimique d’amour ‘, les attentions portées par le conjoint finissent par ne plus être suffisantes et nécessitent constamment d’être supplantées. Course éperdue et perdue d’avance qui conduit à un mécanisme pervers : le dépendant demandant toujours plus, et le conjoint finissant par se retrouver dans une obligation de donner. Peu à peu le climat devient conflictuel, l’incompréhension se renforce, et la souffrance se manifeste, souvent chez les deux partenaires. Les conséquences peuvent être diverses : rupture, chantage affectif, violence, auto destruction (auto mutilation, tentatives de suicide),…

Un cas particulier : la dépendance affective réciproque

Lorsque la dépendance affective est réciproque dans le couple, on observe souvent des couples qui s’auto suffissent à eux même et qui de ce fait se mettent en retrait du reste du monde. Cette situation  de l’extrême romantisme peut apporter à certains couples un bonheur réel et un équilibre qui perdure dans le temps. Néanmoins ce type de situation est porteur de dangers potentiellement forts. Si l’un des partenaires se décentre de la relation de couple cela peut amener à des conséquences dramatiques tels que le suicide, la violence conjugale ou encore à l’extrême le crime passionnel. Ici perdre l’objet d’amour serait comme se perdre soi même et c’est insupportable.

Le dépendant affectif : une proie facile

Les personnalités narcissiques, manipulatrices ou encore perverses peuvent être à la recherche de personnes fragiles comme les dépendants affectifs car il est beaucoup plus facile d’avoir de l’emprise sur elles. Le dépendant affectif va essayer de satisfaire toutes les attentes du partenaire qui va être de plus en plus exigeant. Il va petit à petit l’enfermer dans une relation afin de le faire sien. A partir de là toutes les dérives sont envisageables comme l’humiliation, la violence verbale, la violence physique et/ou sexuelle. Il va utiliser le chantage affectif afin de mieux controler l’autre. Ainsi les violences peuvent être acceptée pendant longtemps car le dépendant affectif va y voir des preuves d’amour. Par exemple,  » il a été violent avec moi parce que je n’aurais pas du parler àcette personne. S’il a été violent c’est parce qu’il a été jaloux et donc cela veut dire qu’il m’aime « . Beaucoup vont Ëtre capable de trouver des preuves d’amour dans ce genre de situation, or la violence n’est pas un signe d’amour mais plutôt le fait d’asseoir son pouvoir et de dominer l’autre.

Sortir de la dépendance affective : oui mais comment ?

L’une des difficultés principales de la dépendance affective est que la victime de cette pathologie du lien n’est pas obligatoirement consciente du caractère aliénant de la relation..  » On ne peut pas aimer trop  » pourraient-ils dire. Mais en l’occurrence il ne s’agit pas réellement d’amour. L’amour n’est ici plus un témoignage de sentiments réciproques mais un outil pour tenter de combler un besoin de reconnaissance, d’estime de soi, que la personne dépendante n’a souvent pas réussi à construire par elle-même.

Aussi sortir de la dépendance affective passe par plusieurs étapes, à la fois au sein de la relation du couple mais avant tout au niveau d’un travail sur soi. Parmi les étapes fondamentales:

  • La reconnaissance de l’état de ‘ dépendance ‘ et des difficultés que cela engendre au quotidien,
  • La compréhension que ce mécanisme est intimement lié à la construction narcissique de l’individu,
  • L’apprentissage progressif d’une confiance en soi, d’une estime de soi.

En d’autres termes « s’investir soi avant d’investir l’autre. S’aimer soi pour bien aimer l’autre. S’aimer soi pour que l’autre nous aime bien. »