Le harcèlement à l’école, violence et traumatisme

31 Mar 2016 | Thérapies individuelles | 2 commentaires

Cet article vise à revenir sur le sujet ô combien sensible du harcèlement à l’école. Un sujet d’autant plus intéressant à aborder actuellement puisqu’une grande campagne de sensibilisation vient d’être lancée.

CAS DE HARCELEMENT SCOLAIRE : POURQUOI CONSULTER UN PSYCHOLOGUE ?

Il est très difficile pour un enfant ou un adolescent d’avouer être victime de persécutions dans le cadre scolaire, tant les mécanismes de défenses qu’ils mettent en place les pousse à ne pas manifester leur souffrance spontanément. Pourtant les conséquences psychologiques peuvent être importantes. Le rôle du psychologue est de les aider à mettre des mots sur cette souffrance, à l’extérioriser et à la comprendre afin de leur permettre de dépasser plus facilement cette épreuve.

La campagne de sensibilisation contre le harcèlement à l’école

Pour débuter, les trois clips réalisés récemment pour la campagne de sensibilisation illustrent bien le phénomène de violence qu’un enfant ou un adolescent peut être amené à affronter dans le cadre scolaire.
Injures, violence physique, rumeurs, les comportements sociaux, ou plutôt antisociaux, au sein des établissements scolaires peuvent être une source de traumatismes réels.

Les signes de ce mal être sont parfois difficiles à percevoir car ils peuvent parfois se confondre avec les témoignages courants des transformations ayant cours à l’adolescence.

Les chiffres de la violence scolaire

Une enquête réalisée par l?Observatoire International de la Violence à l’Ecole pour l’UNICEF établit que sur 12 326 écoliers de 8 à 12 ans une minorité importante d’enfants souffre de persécutions. Par exemple 16% répondent avoir été affublés d’un surnom méchant, 25% avoir été injuriés et 14% avoir subi le rejet des autres.

En ce qui concerne les violences physiques 17% d’enfants rapportent avoir été frappé par d’autres élèves.

Enfin les violences entre enfants à conation sexuelle ne sont pas rares puisque 20% des élèves disent avoir été regardés aux toilettes, 14% à avoir été contraint à se déshabiller et 20% à avoir été forcé d’embrasser d’autres enfants.

Ces chiffres permettent d’avoir un aperçu de la situation.

Dans le milieu scolaire 10% des enfants pratiqueraient des jeux dangereux (jeu de la tomate, jeu du foulard, le petit pont massacreur…), ce qui entrainerait la mort de 15 à 20 jeunes par an.

Quelles conséquences psychologiques pour la violence à l’école?

Si les violences n’entrainent pas inévitablement la mort elles peuvent néanmoins avoir des conséquences psychologiques. Un élève exposé de façon constante à des violences verbales ou physiques peut perdre confiance en lui, se dévaloriser et se mettre en retrait des interactions sociales. Ils manifestent souvent des symptômes de stress post traumatique : peur, anxiété, difficulté à se concentrer, irritabilité, hyperativité au domicile. Ces enfants souffrent souvent de problèmes affectifs : anxiété, dépression, refus d’aller à l’école,…

Face à ces violences bons nombres d’enfants et d’adolescents viennent consulter pour des troubles dépressifs, des troubles anxieux, des troubles de la relation aux autres, des pertes de confiance, des idées suicidaires, des troubles du comportement (anorexie, boulimie).

L’enfance et l’adolescence sont des périodes où se constituent le Moi. Plus le moi subit d’attaques de l’extérieur plus il va se voir fragilisé. Cette faille narcissique pourra à l’âge adulte être un frein dans l’accomplissement de certaines tâches.

Le rôle de l’adulte (parent, enseignant) dans la prévention du harcèlement scolaire

Il est important de comprendre que pour de nombreux enfants, entamer la démarche de dénoncer ces persécutions est particulièrement difficile : soit parce qu’ils sont menacés de représailles, soit parce qu’ils ont honte de n’avoir pas réussi à se défendre. Si la campagne de sensibilisation vise à encourager l’alerte de tels événements, il convient aux parents d’être particulièrement attentifs aux signes qui peuvent être précurseurs. Si un enfant manifestera rarement spontanément ses difficultés auprès de ses parents, il n’est pas rare que des changements de comportements ne soient des éléments qu’il envoie consciemment ou inconsciemment aux adultes pour demander leur aide. A ce titre c’est souvent les parents qui doivent entreprendre la démarche de parler avec leur enfant ou leur adolescent pour tenter de discerner dans leur quotidien quelle part de changement est due aux mutations « naturelles  » ayant court à ce stade de vie et quelle part peut être due à des difficultés (moqueries, injures, persécutions, violences, harcèlement, agressions) ayant cours à l’école ou dans le cadre scolaire.