L’addiction aux écrans des enfants et adolescents: impacts psychologiques et stratégies parentales

30 Sep 2024 | A la Une, Thérapies individuelles | 0 commentaires

L’addiction aux écrans : impact prolongé sur le psychisme des enfants et adolescents et stratégies parentales pour mieux l’appréhender

L’évolution technologique a transformé l’accès aux écrans en une habitude omniprésente chez les enfants et adolescents. Bien que ces outils numériques offrent de nombreux avantages en termes d’apprentissage et de divertissement, leur utilisation excessive, souvent non contrôlée, pose des risques importants sur le plan de la santé mentale et du développement psychologique.

Cet article se propose d’explorer plus en détail les effets prolongés de l’exposition aux écrans sur le psychisme des plus jeunes, ainsi que les mesures que les parents peuvent adopter pour mieux appréhender cette problématique.

L’usage prolongé des écrans : des impacts bien au-delà du moment présent

L’effet prolongé de l’exposition aux écrans ne se limite pas à une fatigue immédiate ou à une perte d’attention ponctuelle. Il faut considérer qu’avec le temps, cette surexposition numérique entraîne des conséquences profondes sur plusieurs aspects du développement mental, émotionnel et social des enfants et adolescents.

1. Perturbation des processus cognitifs et de la mémoire

Les écrans sollicitent de manière excessive les capacités attentionnelles des jeunes, les forçant à traiter de multiples informations de façon simultanée. Cette surcharge cognitive, surtout lorsque l’enfant ou l’adolescent passe plusieurs heures par jour devant un écran, a un impact direct sur les capacités de concentration et de mémorisation à long terme.

Le système de récompense immédiate (via les notifications, les « likes » et les récompenses de jeux vidéo) modifie la structure cognitive du cerveau en le conditionnant à rechercher une gratification instantanée, au détriment des tâches nécessitant une concentration plus prolongée. Ainsi, la persévérance, la patience et la capacité à résoudre des problèmes complexes sont des compromis.

2. Dérèglement des mécanismes de gestion des émotions

Sur le long terme, une exposition excessive aux écrans peut altérer la manière dont les enfants et adolescents régulent leurs émotions. Les jeunes qui passent une grande partie de leur journée connectée peuvent avoir plus de difficultés à comprendre et à exprimer leurs émotions de manière adéquate. Les écrans, en particulier les jeux vidéo et les réseaux sociaux, agissent souvent comme des échappatoires émotionnelles , où le jeune évite de faire face à ses émotions réelles.

Par ailleurs, des études montrent que l’utilisation prolongée des écrans peut accentuer la tendance à l’irritabilité, à l’impatience, voire à l’agressivité. Cela est particulièrement vrai chez les enfants exposés à des contenus violents ou anxiogènes.

3. Impact sur la plasticité cérébrale

Le cerveau d’un enfant ou d’un adolescent est en constante évolution, avec une grande plasticité, c’est-à-dire une capacité à s’adapter aux stimuli extérieurs. L’usage prolongé des écrans modifie cette plasticité en créant de nouvelles connexions neuronales liées à l’interaction numérique au détriment des connexions nécessaires à d’autres formes d’apprentissage.

Plusieurs recherches ont mis en lumière des modifications structurelles dans les cerveaux des jeunes en proie à une dépendance aux écrans, notamment au niveau du cortex pré-frontal, qui est impliqué dans la prise de décision, l’autorégulation, et l’anticipation des conséquences. Les jeunes utilisateurs qui utilisent trop fréquemment les écrans développent souvent une hypersensibilité aux stimuli numériques tout en éprouvant des difficultés à se concentrer sur des activités plus lentes et moins immédiatement gratifiantes, comme la lecture ou les études.

4. Influence sur les interactions sociales et l’empathie

Une autre conséquence de l’utilisation prolongée des écrans concerne la capacité des enfants à comprendre et à interagir avec les autres de manière empathique. En ligne, les interactions sont souvent superficielles et manquent des éléments essentiels de la communication humaine, tels que les expressions faciales, le ton de la voix et le langage corporel.

Le manque d’interactions en face-à-face affecte le développement de compétences sociales clés, telles que la capacité à résoudre des conflits, à négocier ou à faire preuve d’empathie. Sur le long terme, cela peut conduire à des comportements d’isolement social et à des difficultés à maintenir des relations authentiques.

5. Dérèglement du cycle veille-sommeil

L’exposition prolongée aux écrans, en particulier le soir, perturbe les rythmes naturels du sommeil. La lumière bleue émise par les écrans inhibe la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, retardant ainsi l’endormissement. Le manque de sommeil, à son tour, affecte non seulement la santé physique mais également les fonctions cognitives, émotionnelles et sociales des enfants.

Le sommeil insuffisant nuit à la régulation émotionnelle, entraîne une baisse des performances scolaires et favorise des comportements impulsifs. Chez les adolescents, ce manque de repos est souvent associé aux troubles de l’humeur, tels que l’anxiété ou la dépression.

Comment les parents peuvent mieux appréhender ce phénomène?

Face à ces effets prolongés et insidieux, il est essentiel pour les parents de comprendre que l’addiction aux écrans ne se résout pas par une simple interdiction, mais par une approche réfléchie et proactive. Voici des pistes concrètes pour mieux gérer cette dépendance :

1. Établir des rituels familiaux sans écrans

Il est essentiel de créer des moments de partage en famille où les écrans sont bannis. Ces moments permettent de renforcer les liens familiaux et d’encourager les interactions sociales de qualité. Par exemple, instaurer des repas sans téléphone, ou organisateur de soirées jeux de société, aider les enfants à trouver du plaisir dans des activités hors ligne.

2. Favoriser la pratique d’activités physiques

L’une des meilleures alternatives aux écrans est l’activité physique. Le sport aide non seulement à développer des compétences physiques, mais aussi à améliorer la gestion des émotions, à renforcer l’estime de soi et à réduire l’anxiété. Encourager les enfants à participer à des activités en plein air les aider à se déconnecter des écrans tout en favorisant leur bien-être mental.

3. Encourager la prise de conscience du temps passé devant les écrans

Apprendre aux enfants à devenir conscients de leur propre usage des écrans peut être très bénéfique. Utiliser des applications qui mesurent le temps d’écran, ou tout simplement parler de la manière dont le temps est réparti au cours de la journée, permet de prendre du recul et d’encourager une autorégulation progressive. Les sensibilisés au travers de lecture sur les conséquences d’une mauvaise utilisation des écrans.

4. Soutien émotionnel et dialogue continu

Au-delà des règles et des restrictions, il est fondamental de maintenir un dialogue bienveillant et ouvert avec ses enfants. Discuter des raisons pour lesquelles ils ressentent le besoin de passer tant de temps devant les écrans, ou des émotions qu’ils ressentent lorsqu’ils sont déconnectés, peut les aider à mieux comprendre leurs propres comportements et à chercher des alternatives.

5. Se faire accompagner par un professionnel si nécessaire

Si malgré les efforts parentaux, la dépendance aux écrans persiste et affecte sérieusement le bien-être de l’enfant ou de l’adolescent, il peut être nécessaire de consulter un professionnel de la santé mentale. Un suivi psychologique peut aider à identifier les racines profondes de cette dépendance et à mettre en place un plan d’action sur le long terme.

En résumé

L’usage prolongé des écrans à des effets durables et profonds sur le psychisme des enfants et des adolescents. Des modifications cognitives, émotionnelles et sociales peuvent en découler, altérant le développement de compétences essentielles à leur bien-être futur. Face à ces enjeux, les parents jouent un rôle central dans l’accompagnement de leurs enfants vers un usage plus équilibré et raisonné des technologies. Cela passe par la mise en place de règles claires, le renforcement des activités hors écran, et surtout, par un dialogue bienveillant et constant

Vous trouverez quelques références de lecture pour vous accompagner sur le sujet:

En ligne:

– Face aux écrans changeons nos habitudes, service de  La protection Maternelle et infantile Loire Atlantique

– Grandir avec les écrans, parlons-en, La boite à outils 3-6-9-12 ans, Communauté de communes du Clermontais

– Des livres pour parler des écrans aux enfants, CEAS de La Mayenne

A commander:

– Cordier, A. et Erhel, S. (2020). Les Enfants et les Écrans . Éditions Le Pommier.

https://www.amazon.fr/enfants-%C3%A9crans-Anne-Cordier/dp/2725643813

Desmurget, M. (2019). La Fabrique du crétin numérique : Les dangers des écrans pour nos enfants . Éditions du Seuil.

https://www.amazon.fr/fabrique-du-cr%C3%A9tin-digital/dp/202142331X

– Bienaimé Besse, C. (2022). Les Écrans-Rois : Comment ils sont devenus nos maîtres . Éditions du Rocher.

https://www.cultura.com/p-de-l-autre-cote-des-ecrans-9791032925584.html

– Janet, S. (2017). Libérons nos enfants des écrans : grâce à la méthode Équilibre-parents-Enfants-Écrans . Éditions Robert Laffont.

https://www.amazon.fr/Lib%C3%A9rons-nos-enfants-%C3%A9crans-%C3%89quilibre-parents-Enfants-%C3%89crans/dp/1973505932

– Ducanda, A.-L. (2023). Les tout-petits face aux écrans : Comment les protéger . Préface de D. Marcelli. Éditions du Rocher.

https://www.amazon.fr/tout-petits-face-aux-%C3%A9crans-prot%C3%A9ger/dp/2268105202

Et voici quelques sources internets:

https://e-enfance.org/informer/surexposition-aux-ecrans/?gad_source=1&gclid=CjwKCAjw9eO3BhBNEiwAoc0-jQ9Mijs0CgQONG92dz6R_1Up3TRZhrYHcNI-lCtTuY8iImEddWX5WBoCITEQAvD_BwE

https://sante-pratique-paris.fr/addiction/les-dangers-des-ecrans-pour-les-enfants/